Quand les SIG se tournent vers le passé pour comprendre le présent
Catégorie: Les Rencontres 2014
Mercredi 9 avril, de 9h30 à 18h, Amphithéâtre Cauchy
De plus en plus de données anciennes sont numérisées et mises à la disposition de tous. Elles font régulièrement partie des données les plus visualisées et téléchargées des sites grand public. Pourquoi un tel engouement et comment exploiter ces données pour alimenter des études complexes ? Chercheurs et gestionnaires de territoires font part de leurs expériences au service de thématiques variées. Cette session est complétée par une master-class sur le géoréférencement de documents anciens.
Décryptagéo Les Rencontres – Quand les SIG se… par sig-la-lettre
Animateur : Bernard Bèzes (IGN)
9h30 : Pourquoi pas un petit regard dans le rétroviseur…? par Daniel Uny, Irstea Bordeaux
- Résumé : Lorsque qu’on doit poser notre regard sur du « temps long « , il devient à la fois tentant, mais surtout aisé, de se tourner vers le passé et ses données devenues si accessibles. Ne faut-il pas se poser quelques questions, avant d’entamer une exploitation thématique ou alimenter des travaux analytiques, des recherches ? De quoi parle-t-on ? De géo-histoire, de géographie historique, d’archéo-géographie ? Est-ce que l’on partage la même vision de ce matériau si riche ?
10h : Le projet ALPAGE : AnaLyse diachronique de l’espace urbain PArisien, approche GEomatique par Davide Gherdevich, LAMOP, Laboratoire de Médiévistique Occidentale de Paris
- Résumé : Le programme ALPAGE vise à mettre en place des outils de travail qui permettant de développer les recherches concernant l’espace urbain parisien, grâce notamment à un Système d’Information Géographiques (SIG) comprenant des couches cadastrales et historiques. C’est une nouvelle approche du milieu urbain, intégrant réellement la dimension spatiale, qui peut être mise en œuvre grâce aux apports de disciplines récentes (imagerie industrielle, géomatique et archéogéographie). Le SIG, qui permet à la fois de partir des données sémantiques pour s’intéresser ensuite à la dimension spatiale des objets, mais aussi de considérer l’espace urbain comme une source, de laquelle on peut tirer un discours de type historique, a des implications à la fois politiques, pédagogiques et scientifiques. Site internet : http://alpage.tge-adonis.fr/fr/
- Co-auteurs : Hélène Noizet, Boris Bove, Laurent Costa (dir.)
10h30 : Pause, visite des stands, démos exposants, animations
11h30 : Faire parler les pierres de l’Antiquité à nos jours : la plate-forme numérique et mutualiste sur l’usage de la pierre bourguignonne par Delphine Montagne – Maison des Sciences de l’Homme de Dijon
- Résumé : La plate-forme numérique et mutualiste sur l’usage de la pierre bourguignonne est le résultat d’un projet de recherche pluridisciplinaire (archéologie, géomatique, informatique, géologie) portant sur l’usage de la pierre de bourgogne dans la sculpture et l’architecture depuis l’Antiquité. Mise en ligne en août 2013 sous forme de wiki en lien avec un SIG, elle abrite un corpus de données géographiques sur la production et l’utilisation des différentes pierres bourguignonnes de l’Antiquité à l’Époque moderne. La plateforme numérique synthétise, pour un large public de chercheurs, professionnels de la pierre et d’amateurs, des données archéologiques et historiques (présence de la pierre dans des monuments et des sites archéologiques) jusqu’à présent dispersées, associées à des données géologiques (carrières). Dans ce projet, la géomatique apporte de nouveaux outils et de nouvelles techniques d’analyses aux problématiques des chercheurs : synthèse géographique, diachronique et thématique des données, provenance potentielle des pierres, analyses de distance-coût mobilisant les cartes anciennes (cartes de Cassini), zones de diffusions ou de concurrence évolutive avec le temps. Ces analyses interdisciplinaires (archéologie, histoire, géologie, art) permettent de former une chaine d’inférence de vérification des données (datation) lesquelles apportent des interrogations nouvelles porteuses d’analyses. L’aspect collaboratif du wiki permet d’en obtenir de nouvelles pistes. Cette meilleure connaissance du passé des chercheurs propose aux professionnels de nouveaux outils (restauration). L’intervention permettra un retour sur la mise en place d’un outil web accessible à différentes communautés (scientifiques, grand public, acteurs socio-économiques de la filière pierre) et ses possibilités d’élargissement géographique (France entière voire Europe). Site Internet de l’atlas : http://lapierre.u-bourgogne.fr
- Co-auteurs : Stéphane Büttner et Laure Saligny
12h : Des documents d’archive figurés à l’analyse historique du patrimoine architectural et urbain : étude du bassin minier de Provence par Jacques Autran, ENSA Marseille
- Résumé : Dans le cadre de l’Observatoire Homme Milieu portant sur le territoire du bassin minier de Provence (https://www.ohm-provence.org/), nous avons réalisé un travail de recherche sur le patrimoine architectural et urbain. Ce travail de recherche historique a fait appel à un important travail de recherche archivistique, qui a conduit à élaborer une base de données de documents figurés (cartes, plans, élévations, perspectives, …) représentant des interventions projetées ou réalisées sur le territoire considéré. Les documents de cette base de données sont en particulier datés et leur emprise géographique est dessinée. Cet ensemble de documents, ainsi que d’autres sources archivistiques, ont été recueillis afin de réaliser une base de données d’éléments architecturaux et urbains (édifices, cités minières, équipements industriels, …etc.) caractérisés par les interventions dont ils sont l’objet au cours de leur existence. Ces bases de données, élaborées progressivement au cours du travail de recherche historique, sont utilisées en particulier pour la production de « cartes de travail » permettant d’analyser le territoire et son évolution, de relancer le travail de recherche pour enrichir l’information recueillie. Les cartes représentent des états ou des transformations, par superposition (ou pas) de couches historiques ou par juxtaposition ou animation de séries chronologiques. Elles sont obtenues grâce à la mise au point d’un modèle de caractérisation historique des éléments architecturaux et urbains qui intègre l’imprécision des sources historiques et prend en considération la « rémanence » des éléments architecturaux et urbains (« projet », « permanence », « persistance »). Nous illustrerons cette approche par un « cas d’école » choisi parmi les éléments produits par cette recherche.
- Co-auteur : Thierry Lochard, architecte, historien de l’architecture et de la forme urbaine
12h30 : Pause déjeuner, visite des stands, démos exposants, animations
14h : Grand témoin : De la sérendipité ou des leçons de l’inattendu par Danièle Bourcier
15h : Les apports du cadastre napoléonien géo-référencé, retours d’expérience au Service « Patrimoine Architectural Mobilier et Archéologique » par Angélique Jolivet-Charbonneau et Thomas Vigneau, Département de la Vendée
- Résumé : En 2010, dans le cadre du déploiement du SIG et pour répondre aux attentes opérationnelles de différents services, le Département de la Vendée a lancé le projet de géo-référencement des dalles numériques du cadastre napoléonien dans la perspective de rendre possible son utilisation dans un SIG. Le cadastre napoléonien est une illustration du paysage du début du 19ème siècle qui permet de repérer certaines formes du paysage héritées de périodes plus anciennes. Il constitue une aide pour la lecture des paysages et l’étude de leurs transformations. Toutes ces informations, nécessaires à la connaissance du territoire ont besoin d’être restituées sur les référentiels cartographiques modernes.
- Co-auteur : Thomas VIGNEAU, archéologue topographe au service « Patrimoine Architectural Mobilier et Archéologique »
15h30 : Urban-Hist : Connaître et comprendre le patrimoine toulousain au travers d’un SIG par Laure Moreau, Ville de Toulouse
- Résumé : Les Archives municipales de Toulouse ont créé, il y a 10 ans, un véritable outil fédérateur pour la valorisation du patrimoine, en partenariat avec la Région Midi-Pyrénées et l’État. Les possibilités offertes par l’utilisation d’un SIG ont permis de créer un dénominateur commun à des éléments patrimoniaux qui n’avaient à première vue aucune convergence évidente, si ce n’est le territoire toulousain. Ainsi, les données éparses et diffuses sur le patrimoine toulousain peuvent se rejoindre dans un seul et même outil, et, s’assemblant, dessinent l’histoire de la ville. L’histoire d’une ville se comprend avant tout par l’histoire de son territoire. C’est ainsi qu’Urban-Hist, SIG patrimonial, est devenu, petit à petit, un véritable outil d’aide à la décision en matière de protection du patrimoine bâti et mobilier et de recherches archéologiques. Les données géolocalisées sont utiles aujourd’hui à la planification urbaine et sont pleinement intégrées dans les outils réglementaires (PLU) mis en place par la Communauté Urbaine. Le programme Urban-Hist est composée d’une équipe de 3 chercheurs et d’un chef de projet SIG, de partenaires et se décline en trois outils : un outil de gestion et d’acquisition, un outil de diffusion et de valorisation sur le web, et une application mobile. Urban-Hist a vocation à connaître, comprendre et de valoriser un patrimoine commun, sur le territoire toulousain, pour décider ensemble de son avenir.
16h : Pause, visite des stands, démos exposants, animations
17h : Évolution multi-temporelle de la forêt de l’Avesnois : regard(s) porté(s) sur une politique régionale (Plan Forêt Régional- Région Nord Pas-de-Calais) par Adrien Carpentier, Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais
- Résumé : La région Nord Pas-de-Calais dont le taux de boisement n’est que de 7% environ a mis en place en 2010 une politique volontariste : le Plan Forêt Régional qui permettrait de doubler la superficie forestière d’ici une vingtaine d’années sur l’ensemble du territoire du Nord Pas-de-Calais. Ce projet initié pour l’avenir, nécessite un état des lieux passé et actuel des forêts, de nouveaux outils pour le suivi de l’évolution des boisements. Ce travail s’inscrit dans le cadre d’une thèse en Histoire Environnementale « Espaces forestiers et sociétés en Avesnois (XIVème-XVIIIème siècles). Étude du paysage » dont l’objectif est d’analyser, dans le temps long, les interrelations entre paysages et sociétés riveraines, de révéler le poids des héritages sylvicoles dans les sylvosystèmes contemporains, d’identifier les ruptures et continuités paysagères qui ont jalonné l’histoire forestière de l’Avesnois pour aboutir à ce que nous connaissons aujourd’hui. Pour y parvenir, un outil utile aux gestionnaires actuels, doit être mis en place, permettant de mettre en évidence l’ancienneté des forêts, employant ainsi cartographies anciennes et données historiques : le système d’information géographique historique dont les données ont été extraites ou vectorisées des cartes de Claude Masse, Cassini et État Major. Cette collaboration entre Géomatique et Histoire, qui n’allait pas soi au premier abord, a été fructueuse et bénéfique une fois dépassées les contraintes … Certaines problématiques ont été révélées, issues des exigences épistémologiques de chacune de ces disciplines. Afin d’améliorer la gestion dans le temps de ces données, nous avons choisi de collaborer avec le laboratoire LARHRA (CNRS-Lyon) qui a développé le projet SYMOGIH (Système modulaire de gestion de l’information historique)
- Co-auteur : Marie Delcourte
17h30 : Cartes et photos aériennes historiques : constitution et exploitation d’une base géoréférencée par Nicolas de Soyres, Communauté de l’Agglomération Havraise
- Résumé : Depuis une dizaine d’années, le SIG de la Ville du Havre et de l’Agglomération Havraise a entrepris la constitution d’une base de documents cartographiques historiques géoréférencés. Cette initiative s’inscrit dans la continuité des campagnes de numérisation des documents patrimoniaux engagées par les différents organismes de conservation des archives en France. Le constat de départ est que les documents cartographiques les plus précis sont bien souvent morcelés en planches ou en clichés d’emprise réduite. L’identification fastidieuse, la vision fragmentaire du territoire recherché constituent autant d’obstacles à leur utilisation et à leur diffusion. Quel meilleur outil que le SIG pour les surmonter ? Pouvoir les réunir dans une continuité géographique cohérente, pouvoir les géoréférencer pour permettre des superpositions, bénéficier d’outils de diffusion adaptés apporte une valeur ajoutée formidable qui autorise la lecture et l’exploitation par tous, de l’expert au grand public. Aujourd’hui, la thématique historique de la base de données géographiques administrée par le service SIGU & Topographie de la Ville du Havre et de l’Agglomération Havraise est riche de plusieurs dizaines de couches dont les sources ont été acquises auprès de plusieurs établissements de conservation d’archives. Une méthodologie spécifique a été élaborée pour y parvenir. Toutes ces informations, plans et photos aériennes, datés du XVIème siècle à nos jours, témoignent de manière objective des nombreux bouleversements qu’a connu le paysage havrais. Elles peuvent être consultées par tous sur le portail cartographique de la Ville du Havre et sont régulièrement exploitées par les services municipaux et communautaires pour de multiples applications.