Nouvelles façons de penser
Catégorie: Conférences, DécryptaGéo 2017, La délicate transversalité de la géomatique, Programme 24 janvier
Mardi 24 janvier de 12h à 15 h30 – Amphithéâtre Bienvenüe
Les métiers changent, la façon d’approcher certaines problématiques classiques également : c’est le cas pour la gestion de données ou la question de la qualité. Nous commencerons cette session par un pas du côté de l’économie comportementale adaptée aux politiques publiques et à l’innovation.
Animatrice : Céline Pellorce,Grenoble Alpes Métropole
12h-12h30 : Think outside the (tool)box – L’économie comportementale au service de l’innovation par Anne-Gaelle Figureau, université de Strasbourg
L’économie comportementale étudie les effets de facteurs psychologiques, sociaux, cognitifs et émotionnels dans la prise de décision économique des individus. Contrairement à l’économie classique, son postulat consiste à penser que nous ne sommes pas des « homo oeconomicus », c’est-à-dire que nos décisions ne sont pas seulement guidées par la maximisation de notre profit individuel, mais également par des préférences sociales (solidarité, réciprocité, jalousie,…) et des valeurs (bien/mal). Le tout étant modifié par des « biais cognitifs » qui perturbent notre jugement. Ces hypothèses impliquent que la contrainte sera inefficace lorsque l’on cherche à induire des comportements pro-environnementaux ou pro-sociaux chez les individus et qu’il faudra lui préférer des incitations, économiques ou… non. Ces incitations non économiques sont dénommées « nudges » (« coup de pouce ») et consistent à donner une incitation « douce » aux individus pour modifier les comportements. Ils peuvent prendre de nombreuses formes, parmi elles : la norme sociale (ex : sur une facture d’électricité, indiquer la consommation moyenne des ménages voisins réduit la consommation moyenne des ménages), le choix par défaut (ex : en Suède, les citoyens sont inscrits par défaut sur la liste des donneurs d’organes, si bien que 94% d’entre eux sont donneurs), ou le nudge visuel (ex : un pommeau de douche dont la couleur indique une consommation excessive en eau). Les nudges font l’objet d’un grand intérêt de la part des décideurs politiques dans les pays anglo-saxons, qui voient en eux une nouvelle génération d’outils de politiques publiques permettant des changements de comportements majeurs à faible coût, et ce dans tous domaines (éducation, fiscalité, santé, environnement, etc.). L’apport des sciences comportementales en matière de compréhension du comportement et d’élaboration d’outils adaptés pour les modifier peut être d’un certain intérêt pour les professionnels de l’information géographique chargés de construire des interfaces, gérer une communauté, élaborer des outils collaboratifs, etc.
12h30-13h : Plateforme nationale des ERP, un exemple de développement inspirée de la méthode Agile par Cécile Haeck, IGN Conseil
Dans le cadre d’un PIA (programme d’investissement d’avenir), des développements ont été réalisés pendant un an pour amorcer un outil collaboratif destiné à construire à terme une base de données de référence sur les Etablissements recevant du public (ERP). Cet outil a été mené à bien selon la méthode Agile adaptée pour tenir compte des besoins utilisateurs et proposer des développements en continu.
L’IGN vous propose un premier retour d’expérience qui sera également l’occasion de mettre en lumière un contexte plus large, au-delà de la production de code source, les données IGN, les expertises IGN, les outils IGN mais aussi un contexte sécuritaire et métier, ou encore le contexte de la donnée ouverte. Autant de problématiques qui interférent avec les aspects purement techniques.
14h-14h30 : Geodata Man(ager) : le rôle du géomaticien en pleine mutation par Mathieu Becker, Isogeo
Le métier des responsables SIG est en train d’évoluer, passant d’un rôle plutôt technique, à un rôle de gestion de la donnée dit « Geodata Manager ». Le commentaire suivant de M. Guillaume Fenice (chef de projet SIG au Grand Dijon) sur cet article (http://bit.ly/2dch2vA) l’illustre parfaitement :
« [il s’agit] d’un nouveau métier de « géo communicant » où le responsable SIG devra en effet documenter et valoriser les données géographiques, mais également communiquer et savoir animer pour favoriser de nouveaux usages ». Nous constatons sur le terrain l’évolution des SIG vers les IDG, SIG tournés vers « les autres », c’est à dire vers les non spécialistes, non géomaticiens, vers les politiques pour les projets Open Data, vers les consommateurs de données comme les développeurs d’applications, vers les bureaux d’études, vers l’Europe avec INSPIRE, vers tous les autres acteurs de son territoire ou d’une thématique.
Les responsables SIG et administrateurs des données du SIG doivent prendre conscience de ces changements qui auront des conséquences dans la suite de leur carrière, avec son lot de points positifs et négatifs, le principal étant d’anticiper ces changements par la mise en œuvre d’une bonne Gouvernance de ses données, à l’image de la Métropole de Lyon qui a nommé son “Chief Data Officer” en avril 2015 au sein du Service “Géomatique et Données Métropolitaine” et démontre ainsi la volonté stratégique de mettre l’expertise acquise sur la gestion et l’administration des données géographiques au service de toutes les données, pour en centraliser la gouvernance.
14h30-15h : Démocratisons la qualité de l’information géographique ! par Yves Bonin, CEREMA Méditerranée et Gilles Troispoux, CEREMA
La géolocalisation généralisée, l’essor de l’open data et la profusion d’usages existant et à venir nous rend tous progressivement producteurs et utilisateurs de données géographiques. Mais cette facilité d’accès à la donnée nous fait perdre de vue toutes les raisons qui concourent à ce qu’elle soit peu ou partiellement adaptée à notre besoin.
Cette question est encore plus sensible pour les activités régaliennes ou les politiques publiques qui nécessitent de fonder les choix et les décisions sur de l’information maitrisée. La compréhension de la qualité des données produites ou utilisées devient un entrant indispensable.
Pour autant, tout le monde ne dispose pas des moyens des producteurs institutionnels de données. Le Cerema étudie des approches plus pragmatiques adaptées dans un premier temps pour les services de l’État, tant dans l’approche des moyens de contrôles que sur les méthodes de représentation de la qualité mesurée.
15h-15h30 : L’initiative InSpace – des solutions spatiales pour les collectivités territoriales par Alain Podaire, InSpace et CNES (Intervention sponsor)
Les données collectées par infrastructures spatiales, en particulier d’observation de la Terre et de positionnement, sont encore peu utilisées par les collectivités territoriales.
La mise à disposition libre et gratuite de données et produits dérivés d’observation et de signaux de positionnement de très haute qualité, notamment au travers des programmes Copernicus et Galileo de l’Union européenne, devrait changer cette donne.
Développer l’utilisation de solutions spatiales par les collectivités territoriales requiert tout d’abord de caractériser la demande et les besoins de celles-ci, et de démontrer l’adéquation des solutions spatiales et leur bonne intégration dans les environnements de travail existants. Et ensuite de travailler sur les mécanismes de commande publique permettant aux opérateurs de solutions spatiales, notamment les PME et bureaux d’études, de pouvoir les déployer auprès des collectivités territoriales.
L’initiative InSpace vise à rapprocher la demande institutionnelle et l’ensemble des solutions spatiales (observation de la terre, positionnement, télécommunications). Une présentation de l’approche, qui inclut l’accès aux données /services et l’accompagnement des collectivités, ainsi que quelques exemples de mise en œuvre, notamment au travers de démonstrateurs in-situ, seront proposés.